2008-07-28

Domaine du Maréchal Gérard (2)

Archéologie Pyrénéenne
Antiquités religieuses, historiques, militaires, artistiques, domestiques et sépulcrales,
d’une portion de la Narbonnaise, et de l’Aquitaine, nommée plus tard Novempopulanie,
ou
Monuments authentiques de l’Histoire du Sud-Ouest de la France, depuis les plus anciennes époques jusques au commencement du treizième siècle,
par Alexandre du Mège (de la Haye)
TOME I
1858

(page 550 ...)
La demeure d’un autre du Faur, non moins estimable, non moins célèbre, n’offre plus aujourd’hui que des ruines. C’est là que du Faur de Saint-Jory, cousin de Pibrac, écrivit de nombreux ouvrages sur le Droit Romain, et qu’il composa son Agonisticon, ou son savant traité des jeux des anciens. Sa demeure, dont la façade tournée au nord, était décorée de belles sculptures, dues au ciseau de Nicolas Bachelier, n’existe plus. Les statues en pierre qu’on y remarquait, entièrement mutilées, ont, comme les briques des murailles, été vendues par un intendant ignorant, qui n’a pas fait connaître au maréchal [Gérard], possesseur de ce domaine, ce que ce lieu offrait de digne de remarque ; une seule tourelle montrait encore, il y a peu d’années, ses meurtrières ; la grande salle, transformée en grenier, offrait sur sa vaste cheminée ces mots empruntés à Horace : Multa renascentur quæ jam cecidere...
(... page 550)

Domaine du Maréchal Gérard (1)

Histoire des institutions
religieuses, politiques, judiciaires et littéraires
de la ville de Toulouse,
Par M. le Chevalier Alexandre du Mège.
Tome quatrième.
1846.

(page 60 ...)
En se rapprochant de Toulouse, on trouve, tout près du grand chemin, des murs dégradés, des corniches et des colonnes mutilées, des chapiteaux brisés, des murs renversés, des tours écrasées. C’est tout ce qui reste du château d’un parent de Dufaur de Pibrac : c’est tout ce qui annonce la demeure, autrefois somptueuse, du savant Dufaur de Saint-Jory.
Ces ruines appartiennent à M. le maréchal Gérard.
Pierre Dufaur, de Saint-Jory, d’abord conseiller au grand conseil, puis maître des requêtes, et enfin premier président au parlement de Toulouse, où il mourut en rendant un arrêt, le 18 mai de l’an 1600, fut l’un des hommes les plus savants de son siècle. Grand jurisconsulte, il a laissé d’excellents ouvrages sur le droit ; profond littérateur, on lui doit un Traité des jeux des anciens, ou Agonisticon. « Il est vrai, dit Scévole de Sainte-Marthe, qu’en dépit de la mort même, sa réputation ne mourra jamais, En effet, tant que la langue latine se conservera et tant qu’on fera cas des bonnes lettres, les savants auront toujours en estime et en grande vénération ses doctes commentaires sur le droit, dans lesquels on remarque autant d’esprit que de jugement, et un grand nombre de traits d’une profonde doctrine. »
C’est en éprouvant une bien vive douleur que l’on parcourt les ruines du château, jadis habité par ce grand homme. Les principales portes de cette demeure étaient décorées avec une magnificence, toute royale, et un goût parfait, et comme cet édifice avait été construit au temps où renaissaient, pour nos aïeux, et les arts de l’esprit, et les arts du dessin, on avait gravé, sur la cheminée de la grande salle, ces mots d’Horace que l’on y lit encore :
Multa renascentur.
(... page 61)

2008-03-05

Dominique SIRE et la bulle Ineffabilis Deus

Meuble Christophle ayant contenu les volumes de la bulle Ineffabilis Deus.
Ce meuble se trouve aujourd'hui dans la salle de l'immaculée conception, qui jouxte la chapelle Sixtine au Vatican. La plupart des volumes sont conservés à la bibliothèque du Vatican, quelques'uns ayant disparu.

8 décembre 2004
P. André Ridouard
(Eglise en Poitou - 1er décembre 2004)
La parole du Pape en patois poitevin
Nous célébrons cette année le 150e anniversaire de la bulle papale Ineffabilis Deus signée par Pie IX le 8 décembre 1854 pour proclamer le dogme de l'Immaculée Conception de la Vierge Marie.
C'est l'occasion de rappeler les circonstances de l'événement en soulignant en particulier la grande piété mariale qui règne dans l'Eglise à cette époque. On multiplie les initiatives de pèlerinages. L'évêque du Puy-en-Velay fait ériger la statue monumentale de "Notre-Dame de France" qui domine sa ville épiscopale. Rappelons aussi que "l'événement de Lourdes" commence en 1858 et ira en se développant.
Au milieu de toutes ces manifestations de ferveur, apparaît alors un homme dont les initiatives vont, dans une certaine mesure, éclipser toutes les autres. II s'agit de l'abbé Marie-Dominique Sire (1827-1917). Il est sulpicien, enseigne successivement dans plusieurs séminaires de France avant d'être nommé vicaire à la paroisse parisienne de Saint Sulpice et, au cours des années, il multiplie les projets les plus inattendus pour satisfaire sa piété mariale personnelle. Son souvenir a sans doute amplement disparu des mémoires mais son influence fut énorme en son temps et c'est à juste titre que son nom est toujours dans les dictionnaires.
L'abbé Sire commence par glaner dans le monde entier toutes les études, enquêtes et autres textes ayant précédé et préparé le document papal. Il en résulte alors une première collection de 300 volumes.
Mais l'abbé veut aller plus loin. Son rêve suprême est de faire traduire la bulle papale dans "toutes les langues du monde", y compris les langues mortes qu'on pourrait éventuellement retrouver. Et le tout serait offert en hommage au pape. Imaginons la parole papale en Mongol ou en Iroquois ! C'est sans doute une "folie" comme a titré La Croix dans un article récent sur la question, (LC du 11.08.2004). Folie ou non, l'abbé Sire trouve les collaborateurs et intermédiaires nécessaires à son entreprise, et les premiers volumes arrivent à Rome en 1865. Quand la tâche sera terminée, c'est une collection d'une centaine de volumes, proposant le document papal en 400 langues, qui sera offerte à Léon XIII au début de son pontificat, en 1879. La Bulle est traduite, partiellement ou en totalité selon les langues, et par ailleurs on a réuni dans un même volume les langues les plus semblables.
Pour être dignes du destinataire, ces volumes se présentent sous les reliures les plus belles, parfois les plus riches. Certaines sont oeuvre d'orfèvre avec émaux champlevés et pierres précieuses. Les textes sont calligraphiés et magnifiquement ornés avec lettrines et frises, à la façon des manuscrits du Moyen-Age. Pour accueillir et conserver ce trésor comme il convenait, le Vatican a même aménagé et réaménagé des locaux spéciaux, à plusieurs reprises depuis un siècle et demi.